La question du congé menstruel, déjà instauré dans d’autres pays comme l’Espagne, fait débat en France. Si la ville de Saint-Ouen a été la première à proposer cette mesure pour les femmes employées de la municipalité, des interrogations subsistent sur sa mise en place à plus grande échelle. Comment bénéficier de ce congé en France ? Qu’en est-il de l’égalité femme-homme ? Des femmes témoignent de leur expérience.
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Le congé menstruel : une mesure encore peu connue en France
Le 8 mars 2023, la ville de Saint-Ouen a annoncé que toutes les femmes employées de la municipalité pourraient bénéficier d’un congé menstruel à partir du 27 mars suivant. Une mesure qui a suscité de l’étonnement, mais aussi de nombreuses interrogations. En effet, si certaines petites entreprises ont déjà mis en place cette mesure en France, comment l’appliquer à une échelle plus grande ?
Le congé menstruel, également appelé congé menstruel pathologique, est une mesure qui permet aux femmes de prendre un jour de congé payé par mois en cas de douleurs menstruelles invalidantes. Si cette mesure est déjà en place dans d’autres pays comme le Japon, l’Indonésie, la Corée du Sud, la Chine, l’Inde, la Russie ou encore l’Espagne, en France, elle reste encore peu connue et peu répandue.
Parler de ses règles à son manager : un sujet délicat
L’un des principaux freins à la mise en place du congé menstruel en France est la difficulté pour les femmes à parler de leurs règles avec leur manager. En effet, même si cette mesure est destinée à soulager les douleurs menstruelles, évoquer ce sujet peut être gênant, voire tabou. Certaines femmes n’osent pas demander un congé menstruel de peur d’être mal vues ou de subir des répercussions sur leur carrière.
Pourtant, selon une étude menée en 2019 par la marque de protections périodiques Nana, plus de la moitié des femmes en France souffrent de douleurs menstruelles. Le congé menstruel pourrait donc être une solution pour leur permettre de mieux gérer ces douleurs et de continuer à travailler dans de meilleures conditions.
Les femmes osent-elles prendre leur congé menstruel ?
Si le congé menstruel est une mesure qui peut sembler intéressante sur le papier, dans la pratique, les femmes sont-elles réellement prêtes à en bénéficier ? En effet, demander un congé menstruel peut être perçu comme un aveu de faiblesse, voire de paresse, et peut entraîner des jugements de la part de la hiérarchie ou des collègues.
Cependant, de plus en plus de femmes osent parler de leurs règles au travail et revendiquent le droit de bénéficier de ce congé. C’est le cas de Céline, employée dans une grande entreprise à Paris : « J’ai pris mon premier congé menstruel le mois dernier et ça a changé ma vie. J’ai pu me reposer et me ressourcer, et j’ai été beaucoup plus productive à mon retour au travail. Je pense que c’est une mesure qui devrait être proposée à toutes les femmes, pour leur permettre de mieux gérer leurs douleurs et leur fatigue. »
Néanmoins, certaines voix s’élèvent contre cette mesure, arguant que cela risquerait d’accentuer les inégalités entre les sexes sur le marché du travail. En effet, certains employeurs pourraient être réticents à embaucher des femmes si ces dernières ont la possibilité de prendre un jour de congé par mois pour leurs règles.
La question de l’égalité femme-homme au travail
La mise en place d’un congé menstruel en France soulève également la question de l’égalité femme-homme sur le marché du travail. En effet, les femmes sont encore trop souvent confrontées à des discriminations, des stéréotypes de genre et des difficultés liées à leur santé menstruelle.
Le congé menstruel pourrait être un moyen de remédier à certaines de ces inégalités, en permettant aux femmes de mieux gérer leurs douleurs et leur fatigue, tout en continuant à travailler. Cette mesure pourrait également permettre de sensibiliser les employeurs et les collègues à la réalité des douleurs menstruelles et à la nécessité de prendre en compte les besoins des femmes sur leur lieu de travail.
En conclusion, la question du congé menstruel en France est encore en débat. Si cette mesure peut sembler bénéfique pour les femmes souffrant de douleurs menstruelles, sa mise en place à grande échelle soulève encore des interrogations sur sa faisabilité et son impact sur l’égalité femme-homme. Il reste donc à continuer à réfléchir à cette question en prenant en compte les besoins et les préoccupations des femmes sur leur lieu de travail.